En novembre 2023, je partageais sur les réseaux cette photo du pelage trempé d'un poney avec ce commentaire :
"La meilleure des couvertures..
Sous l'effet de la pluie le poil d'hiver forme de petites mèches qui créent une véritable couverture semblable aux tuiles d'un toit ou à des écailles. Structure parfaitement étanche sur laquelle l'eau déperle sans pénétrer.
Le vif intérêt pour cette publication partagée plus d'un millier de fois, révèle que la quête de la couverture idéale est une préoccupation important pour le bien-être de nos chevaux en hiver.
Néanmoins, on peut lire dans les commentaires que la manière "idéale" d'équiper nos chevaux pour affronter les intempéries de l'hiver est largement sujet à controverse...
Cet article de synthèse a pour but de répondre aux questions les plus fréquentes afin d'aider - ceux qui en auraient besoin - à gérer au cas par cas.
COUVRIR OR NOT COUVRIR... c'est toute la question !!
C'est vrai qu'à première vue, protéger son cheval du froid et des intempéries peut paraître une bonne idée.
Mais en pratique cela peut vite devenir très inconfortable pour le cheval si la couverture n'est pas adaptée.
Les habitués le savent.. la gestion des couvertures en hiver peut vite se transformer en galère, voire en vrai cauchemar !!
D'ailleurs on peut se poser la question de pourquoi ne pas laisser son cheval de débrouiller avec son poil d'hiver ?
En effet, le poil d'hiver est équipé d'un système de thermorégulation par piloérection qui permet de les isoler du froid. De plus, la majorité des chevaux ont un pelage étanche qui mouille seulement en surface. Sous l'effet de la pluie, on peut facilement observer que le poil d'hiver forme de petites mèches qui créent une véritable couverture semblable aux tuiles d'un toit ou à des écailles. Structure parfaitement étanche sur laquelle l'eau déperle sans pénétrer.
C'est un fait, un bon gros poils d'hiver est donc de loin la meilleure des couvertures !
Le soucis, c'est que les chevaux équipés d'un pelage trop épais ont aussi rapidement trop chaud.
Or, un cheval qui transpire mouille son poils à la base ce qui va prendre beaucoup de temps à sécher d'une part et d'autre part limite les phénomènes de piloérection et expose le cheval au refroidissement...
si l'on souhaite travailler son cheval l'hiver, il va donc falloir impérativement limiter la production de poil d'hiver par le port de couverture voir de le tondre.
Avant de lancer , il est primordial de bien cerner les contraintes associées au fait de couvrir son cheval et de s'assurer qu'on pourra toutes les assumer.
En effet, lorsque l'on commence à couvrir un cheval c'est généralement pour une période de plusieurs semaines.
Outre l'évidence qu'il faut que la couverture soit bien adaptée à la morphologie du cheval, il faudra aussi réaliser de nombreux ajustements au gré des fluctuations de la météo.. C'est à dire et sans être exhaustifs :
Quand le cheval aura froid, puisqu'il ne va pas faire un gros poil d'hiver, on va y revenir..
Quand le cheval aura trop chaud
Quand la couverture sera détrempée et pèsera une tonne.
Quand le cheval sera mouillée sous sa couverture
Il sera donc impératif de s'assurer très régulièrement du confort sous la couverture et de pouvoir y remédier dès que ce n'est plus le cas. Sans quoi des complications risquent de rapidement apparaître notamment des plaies et des infections cutanées, de la fatigue, des douleurs au dos et au garrot consécutives aux points de pression.
Avant de se lancer il est donc prudent de se limiter aux moyens qu'on pourra mettre à disposition, quitte à adapter le travail du cheval période hivernale si nécessaire. Car un cheval avec un poil mouillé sera toujours plus confortable qu'un cheval avec une couverture détrempée.
De plus sur le long, la couverture va créer une gène fonctionnelle au niveau du garrot chez des chevaux sensibles et/ou prédisposer avec leur conformation. il est donc grandement recommandé de peser le pour et le contre plutôt que de couvrir systématiquement.
Surtout qu'il est possible d'avoir recours à des actions ponctuelles parfois tout aussi efficaces.
Focus sur les situations où couvrir apporte un réel bien-être
Pour les chevaux tondus la couverture est nécessaire mais qu'en est il pour les autres ?
Couvrir quand il pleut ?
La majorité des chevaux ont un pelage étanche, c'est à dire qui mouille en surface et permet à la peau de rester sèche.
Ce qui explique pourquoi un cheval mouillé par la pluie séche plus vite qu'un cheval qui a transpiré...
Mais pour autant, en cas de grosse pluie les chevaux ont tendance à se refroidir.
Cela est du à l'évaporation et aussi par le fait que sous les fortes pluies la consommation d'herbe baisse.
Or, les fermentations dans les gros intestins et le caecum jouent un rôle de radiateur interne alimenté par les fourrages..
Donc si il fait froid et qu'il pleut sur une longue période pour réchauffer un cheval au pré il faut en priorité mettre un foin fibreux à disposition.
On couvrira donc uniquement les chevaux maigres, vieux, fatigués, édentés, ceux qui ont un poil léger qui mouille en profondeur ainsi que ceux qui souffrent de pathologies et qui n'auront pas l'énergie pour se réchauffer.
Concernant le choix de la couverture, il y a deux paramètres importants à prendre en compte : la taille et le grammage.
La taille.
Elle correspond à la longueur de dos.
Si elle est trop longue ou trop courte, elle va gêner les mouvements de l'épaule et tirer sur le garrot entraînant à la longue des contractures musculaires puis des lésions ostéopathiques.
La photo d'illustration suivante montre une couverture bien ajustée.
Le nez au sol, si on devine les lignes de tractions sur le garrot on observe en parallèle que la ligne pointe de l'épaule / pointe de la fesse n'est pas étriquée.
Pour certains chevaux plus sensibles du dos il faudra en outre faire attention au modèle. Car certains seront plus adaptés aux chevaux au garrot saillant alors que d'autres habillent mieux les épaules larges.
Couvrir quand il fait froid ?
Le grammage.
Pour les chevaux NON tondus pas de couverture au dessus de 10°C voire 5°C pour ceux qui ont un poil épais.
Personnellement avec l'expérience je conseille de bannir les 0gr qui mouillent rapidement par capillarité (effet toile de tente). Les 50 et 100gr sont idéales et généralement suffisantes tout au long de l'hiver.
Sauf en cas de poils très léger autour de 0°C une 200gr sera bien supportée.
Cas particulier des chevaux au travail.
Le poil d'hiver de certains chevaux et poneys est trop chaud pour permettre une activité physique même modérée..
Afin de limiter la production d'un poil épais certains cavaliers couvrent leur monture la nuit dès que les températures baissent.
D'autres vont faire le choix de directement les tondre pour les couvrir jour et nuit.
Dans le cas des chevaux 100% en extérieur, il peut être judicieux de couvrir son cheval très tôt par intermittence de manière raisonnée avec la météo afin de limiter la pousse d'hiver et pouvoir adopter une tonte "manteau" ou une tonte "tablier".
En effet il faut prendre en considération qu'une fois tondue la peau sera plus vulnérable aux frottements et aux points de pression.
Pour les chevaux sensible il est évidement que les tontes qui épargnent la zone du garrot et la ligne de dos apporteront plus de confort sous la couverture extérieure.
Il est impératif de garder à l'esprit que la couverture peut-être une source de gênes fonctionnelles et de contres performances au travail.
Pour les chevaux 100% en extérieur, veiller à prendre en compte la fatigue musculaire et les courbatures potentiellement associées après de fortes pluies.
Adapter le travail si nécessaire. Lorsque c'est possible préférer mettre le cheval au box la nuit avant et après les séances de travail intense.
Pensez à régulièrement évaluer le poids des couvertures humides qui peuvent devenir très lourdes pour certaines.
Guetter les signes de sensibilité dorsale lors du pansage. Si de telle manifestation de douleur ou d'inconfort apparaissent il est possible de changer de modèle de couverture en alternant régulièrement de l'un à l'autre.
Prévoir des temps où le cheval pourra se mouvoir "tout nu" peut être une pratique très bénéfique pour réduire l'impact des points de pression.
notamment, lui permettre de se rouler après le travail ET avant de la recouvrir apporte un réel bien être... même si cela implique un peu plus de pansage derrière.!!
Enfin, un cheval tondu ou a qui on aura perturbé la mise en place du poil d'hiver sera plus vulnérable aux intempéries et souffrira plus vite du froid.. notamment car son pelage perd sa capacité à "gonfler" et donc son pouvoir isolant.
Ainsi il est plus rapidement nécessaire d'augmenter ponctuellement le grammage en cas de coup de froid..
En guise de conclusion
Couvrir peut être salutaire et apporte un réel bien être dans certaines situations, notamment chez les chevaux non rustiques et ceux ayant une activité physique intense à modérée.
Lorsque l'on opte pour le port de la couverture sur plusieurs mois cela implique une série de contraintes qu'il est nécessaires de respecter.
S'adapter au cas par cas reste la mise.. tout en gardant l'esprit qu'un bon gros poil d'hiver reste la meilleure des couvertures sur le long terme.
Credit photo. Drvet E. Salesse - alterveto
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