Émilie Salesse - juin 2020.
La volonté de limiter l'usage des antiparasitaires chimiques au strict nécessaire a largement contribué à répandre la coprologie auprès des éleveurs / propriétaires de petits ruminants et d'équidés.
Dans la pratique, cette analyse peut s'avérer plus compliqué à utiliser qu'il le paraît et les résultats peuvent vite manquer de fiabilité si les échantillons ne sont pas bien réalisés.
Cet article se limite à l'usage de la coprologie dans le cadre de la gestion des strongles digestifs au pâturage par les éleveurs. Les autres parasites relevant davantage d'une expertise vétérinaire.
La « copro » c'est quoi exactement ?
L'analyse coprologique chez les herbivores (ruminants et équidés) consiste regarder les fèces au microscope pour y détecter la présence de pathogènes.
Une analyse coprologique permet donc de visualiser plusieurs genres de parasites mais pas tous en même temps.. En fonction de la technique de laboratoire utilisée on va pouvoir focaliser la recherche sur des espèces parasitaires de taille et de nature identiques.
un outil incontournable d'aide à la gestion du parasitisme au pâturage.
Le plus souvent la coprologie permet de savoir si l'animal qui pâture « a des vers » : c'est à dire des strongles digestifs et éventuellement du ténia.
Pour cela on réalise une technique de laboratoire permettant d'établir un comptage pour définir le nombre d’œufs de strongles présence par gramme de fèces.
Il est de prime abord logique de penser qu'à partir d'un certain nombre d’œufs excrétés l'animal peut être considéré comme infesté et qu'un traitement serait nécessaire et donc justifié.
Hélas ce n'est pas aussi simple...
Car on ne comptabilise pas des vers mais les œufs qu'ils pondent. Or, le nombre d’œufs pondus par une femelle strongle est très variable dans le temps et dépend de nombreux facteurs.
Le nombre d’œufs pondus N'EST PAS le reflet direct et proportionnel du nombre de vers adultes présents dans l'animal.
C'est pour cela que l'interprétation d'une coprologie nécessite de prendre en compte le contexte et les animaux prélevés.
Déterminer le contexte de l'analyse
La coprologie peut répondre a deux besoins différents :
Diagnostiquer une parasitose clinique lorsque les animaux présentent des signes évocateurs comme de la diarrhée ou une perte d'état. C'est un moyen d’objectiver la rupture de l'équilibre entre l'hôte et le parasite
Évaluer la pression parasitaire chez des animaux en bonne santé afin de prédire le risque d'apparition de problèmes dans les semaines à venir et justifier un traitement.
Prendre en compte les animaux prélevés
L'immunité de l'animal influence beaucoup l'activité des strongles, leur développement et l'intensité des pontes. Les animaux ayant une immunité faible vis à vis des parasites sont les jeunes, les mères avant la mise bas et en début de lactation et les animaux affaiblis.
À un instant T au sein d'un troupeau certains animaux vont excréter seulement quelques centaines d’œufs alors que d'autres dépassent le millier.
Lors de la constitution des échantillons il faut donc faire très attention à prélever des animaux ayant des statuts immunitaires identiques en respectant les classes d'âge et les stades physiologiques.
Interprétation des chiffres
Les taux d'excrétion vont aussi varier beaucoup en fonction des espèces et des races. Pour cette raison il est difficile d'établir des grilles d'interprétations du nombres d’œufs de strongles qui soient justes dans toutes les situations.
On retient généralement l'échelle suivante :
< 250 excrétion faible
de 250 à 750 excrétion moyenne
de 750 à 1250 excrétion forte
> 1250 excrétion très forte
Chez les équidés un taux d'excrétion supérieur à 1000 aura toujours tendance à inquiéter et ne dépassera que rarement les 2000 œufs de strongles par gramme de fèces.
Chez les chèvres de race alpine peuvent excréter plus de 5000 œufs de strongles sans symptôme associé et peut aller jusqu'à 9000 voir 10 000 œufs de strongles gramme de crottes.
Chez les ovins, les mères restent généralement en dessous de 2000 œufs de strongles alors que les agneaux peuvent excréter jusqu'à 5000..
à quel moment réaliser une coprologie ?
En cas de signes cliniques évocateurs il est recommandé de réaliser une analyse si on a un doute sur le fait que d'autres facteurs puissent jouer (comme l'alimentation) ou bien que l'on souhaite cibler le parasite (ténia)
Dans le cadre d'une approche plus préventive, on va chercher à objectiver la phase de contamination des prairies afin de la ralentir si nécessaire et d'éviter une contamination trop forte des animaux par la suite.
En fonction de la conduite on retiendra alors de périodes clé calées sur le cycle annuel des parasites. Idéalement un prélèvement en début de saison et un autre à la fin de l'été.
Il faut éviter les prélèvements en hiver, période de repos des strongles qui donne lieu a des résultats difficilement interprétables.
Pour ralentir la dynamique de contamination des prairies on peut réaliser des traitements avec des plantes vermifuges, des tanins, ou bien adapter le plan de pâturage.
Il n'existe pas de protocole type car le parasitisme évolue en permanence même au sein d'un élevage et nécessite des adaptions permanentes
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des bilans individualisés en ferme sont aussi possibles
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