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GESTION DU PARASITISME EN FIN DE SAISON DE PÂTURAGE. Exemples de lecture de coprologies et protocoles associés chez les équidés


Il y a quelques jours, j'ai réalisé une série de coprologies individuelles provenant de quatre écuries de l'ouest de la Bretagne.

cf. le tableau ci dessus.


J'ai souhaité partager ces résultats d'analyse pour deux raisons :


Premièrement, parce qu'ils confortent les tendances du parasitisme pour cet automne 2024 : pas de grosse surprise et globalement un impact parasitaire plutôt modéré.


Deuxièmement, parce qu'ils présentent une chouette opportunité d'illustrer la complexité de l’interprétation des coprologies, grâce à une série de comptages ayant l'intérêt d'être comparables entre eux puisque tous prélevés quasiment le même jour.


De plus en plus l'idée fait son chemin que la coprologie est une aide indispensable à une vermifugation raisonnée mais non suffisante pour déterminer si un traitement a lieu d'être ou pas.


Dans ma façon d'aborder la gestion du risque de strongylose digestive, j'utilise les coprologies comme un outil d'aide décisionnelle au traitement..

Pour la lecture du résultat il est impératif de contextualiser le taux d'excrétion a minima avec les antériorités de traitements, le statut physiologique des animaux et évidement l'évolution des taux d'excrétion sur les mois précédents quand on y a accès.


Enfin à cette période de l'année, deux autres parasites digestifs peuvent aussi nécessiter une intervention : le ténia et les gastérophiles.

ils peuvent conditionner le choix du vermifuge et aussi préciser le moment de son administration.





A ce stade, je sais que beaucoup d'entre vous commencent à se dire que c'est trop complexe pour eux...

Alors stop à la théorie et passons à la pratique avec la présentation détaillée des cas de la semaine dernière et des protocoles de vermifugation retenus pour chacune de ces 4 écuries.



Ecurie n° 1 - kreiz breizh

G. ponette PSF de 8 ans a fait un épisode de coliques le 09 octobre après midi avec prostration, ralentissement du transit et douleurs au niveau du cæcum.

Le dernier vermifuge date du mois d'avril 2024 (fenbendazole) et le parasitisme est généralement modéré d'une année sur l'autre dans ce lieu.

Elle reçoit des antispasmodiques ainsi qu'un combo ivermectine-praziquantel car une infestation aux ténias est possible.

Un crottin a pu être prélevé lors de la colique, il sera analysé le lendemain en même temps qu'un crottin de sa copine de pré F. Connemara de 9 ans.

Les résultats oriente l'origine de la colique vers les causes de "stress" et non pas vers du parasitisme pur. En effet, en cas de colique "parasitaire vraie" les taux d'excrétion sont a minima proche de 2000 voire plus. Un taux d'excrétion de 900 oeufs de strongles par gramme suggère une phase de parasitisme interne modéré dans laquelle les vers adultes profitent une baisse d'immunité locale suite à un stress et/ou une fatigue passagère de l'équidé. Le taux d'excrétion nul de la copine de pré confirme cette hypothèse.



Ecurie n° 2 - Morbihan ouest

Troupe de 3 équidés constituée en janvier 2024.

Leur prairies servaient à des bovins les années précédentes. un bilan copro a été réalisé au printemps. Chacun des équidés venant de différents endroits, ils n'ont pas reçu les mêmes conduites vis a vis du parasitisme. Même si le cheval G. semble présenter une sensibilité par rapport aux autres il est possible qu'il ait besoin d'un peu plus de temps pour reconstruire son immunité vis à vis des parasites.

Dans ce cas il est donc conseillé de surveiller l'évolution de son l'état de santé. En l'absence de signes évocateurs de strongylose digestive, il peut être envisagé soit un traitement en décembre avec de l'ivermectine si l'on souhaite le traiter contre les gastérophiles soit d'attendre début mars en maintenant si possible un suivi du taux d'excrétion fin novembre et début mars au plutard. Evidemment un traitement devra impérativement être administré s'il présente le moindre signe de gène digestive.

une complémentation oligo-minérale serait aussi interessante à mettre en place en parallèle dès cet automne et durant tout l'hiver pour les 3 chevaux.



Ecurie n° 3 - Mont d'Arré

2 juments de selle herbergées chez des particuliers propriétaires, disposant d'un système de paddocks tournants. Les juments sont rentrées en stabulation la nuit.

En 2023, l'excrétion est restée moyenne à forte surtout chez K. plus agée et ayant tendance aux comportements boulimiques qui pourraient la conduire à manger les zones de refus très parasitées... En mars 2024 une coprologie de suivi révèle un taux d'excrétion encore fort chez K. - malgré une purge au fenbendazole en février - et moyenne chez G.

La propriétaire décide alors de traiter K. et G. avec de la moxidectine ce qui se révèlera une stratégie payante au vu des résultats copro en juillet et en octobre !

et ce qui tend à confirmer l'hypothèse que K. se contamine en consommant régulièrement les zones de refus souillées par les crottins.



Ecurie n° 4 - Finistère Sud

Ce dernier cas est particulier et surtout un peu triste.

P. a perdu son compagnon B. cet été.

B. était un petit cheval de selle âgé de plus de 30 ans qui souffrait les dernières années de sa vie d'une table dentaire très usée et limitant très fortement sa mastication. Entre l'âge et les problèmes d'alimentation il était très souvent "à racler" les zones de refus du paddock autour de son abris et très fortement contaminé en strongles et en ténia.

P. quant à elle n'avait pas souvent besoin d'un soutien vermifuge comme en témoigne l'analyse de juin. Son dernier traitement date de décembre 2023 (ivermectine)

Les résultats de la coprologie d'octobre sont donc directement le reflet de la baisse immunitaire due au stress qu'elle a subi avec le départ de son compagnon.

le ténia est un excellent marqueur de l'état immunitaire, surtout quand les strongles sont peu présents.

Cela dit, P. va bien. Elle est en forme et en état. Il est donc décidé de réaliser un traitement avec un combo ivermectine-praziquantel "si possible après le premières gelées" ou au plus tard à la fin de l'autonme.



Voilà, j'espère que ces petits exemples vous auront éclairés sur la complexité du suivi parasitaire et la pertinence souvent mal appréciée des analyses coprologiques.



Drvet. émilie Salesse

le 19 octobre 2024


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